• La montagne du Roule .....

    La montagne du Roule ..... 

    A l’adolescence

    on explore des abris souterrains
    connus de nous seuls .

    Armés de lampes de poche ,
    nous visitons des casemates
    où subsistent encore des lits superposés ,
    des vieux journaux en langue allemande ,
    des casques rouillés et des relents d’urine.

    Nous jouons à nous perdre
    dans le labyrinthe de galeries creusées
    dans la montagne du Roule ,
    tunnels obscurs qui débouchent dans des fortins de béton dissimulés dans la roche ,
    nous scrutons l’horizon au travers d’étroites meurtrières transversales
    comme l’ont fait avant nous des sentinelles ennemies.

    L’une d’elles au sens artistique très développé a même occupé ses longues heures de faction
    à couvrir les murs de magnifiques fresques représentant le paysage environnant.

    La montagne du Roule , colline rocheuse dominant la ville….
    sa route en lacets qui s’amorce derrière le jardin public , sa pente raide que l’on se défie de gravir
    à vélo , une pièce d’artillerie à chaque virage , l’entrée des souterrains dissimulée
    dans les broussailles , le dernier tronçon de bitume qui se termine au fort qui couronne le sommet , nid d’aigle qui surplombe la ville et sa rade , transformé en musée du Débarquement ,
    les murs ont été décorés de fresques guerrières par mon professeur de dessin au lycée ,
    des modèles réduits expliquent les manœuvres des troupes alliées ,
    des photos agrandies en illustrent les étapes , des mannequins en uniformes et en armes
    se dressent dans tous les coins , un arsenal hétéroclite couvre le sol ,
    un film raconte en boucle l’entrée des gentils dans la ville avec gros plans sur la reddition
    des méchants , dans la cour un char pointe son canon vers le ciel….ancré là pour toujours.

    Une plateforme dans un coin de l’enceinte sert de socle à un mat au sommet duquel
    claque un drapeau tricolore , contre le parapet une lunette permet de détailler le panorama
    contre une pièce de monnaie…..au loin , au-delà de la digue , la mer se perd dans la brume…..
    la même mer , la même brume d’où quelques kilomètres plus au sud ,
    surgit un matin de juin , un raz-de-marée d’acier , de feu et de chair humaine…


      

      


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