•  

    Le pain , sa croûte luisante ,,, ramené encore chaud chaque matin de la boulangerie toute proche, déposé sur la toile cirée de la table familiale , avec un petit bout manquant grignoté en chemin ,,,,

    le pain que l'on finissait jusqu 'à la dernière miette , nourriture sacrée qui ne devait jamais être posé à l'envers , gratifié d'une croix de la pointe du couteau avant d'être coupé en tranches épaisses ,,, utilisé même rassis , en pain perdu au dessert , en petits carrés dans la soupe ou le café au lait du matin avant de partir pour l'école ,,

     

    Le jardin de papa ,,, en haut des fortifs,,, le long raidillon bordé de ronces pour y accéder , plein de grosses mûres juteuses à la belle saison ,,, ma grand mère en remplissait des seaux qui devenaient confiture ou garnitures de galettes délicieuses dont elle a toujours jalousement gardé le secret de fabrication,,,ma préférée c'était celle à la rhubarbe ,,, j'en ai encore le goût sur les papilles jamais de ma vie je ne l'ai retrouvé , nulle part ailleurs et ce n'est pas faute d'avoir cherché ,,,,,

    Le jardin ,,,, pas très grand mais magique , avec un blockhaus enterré dans le fond pour ranger les outils ,,, une allée pour y conduire ,,, avec à droite plein de fleurs de toutes espèces et couleurs ,,, a gauche le potager abondamment garni , salades ,choux , choux fleurs , haricots , fèves géantes (mon régal , crues avec avec une pincée de sel sur le coin de l'assiette) ,,, pommes de terres , tomates , poireaux , rhubarbe etc ,,,,sas oublier un parterre de fraises énormes aux beaux jours , à tomber raide ,,, ce que l'on ne manquait jamais de faire , à plat ventre la bouche pleine pendant la cueillette ,,,, je n'ai jamais vu maman acheter des légumes , papa était capable de faire pousser n'importe quoi ,,, et il adorait çà ,,,

     

    La saline pas loin ,,, les flies que l'on dégustait crues directement détachées du rocher,,, les crabes que j'avais peur d'attraper dans les flaques le pantalon roulé aux genoux ,,, les sauticots dont je remplissais un panier ,,, les satrouilles que mon père débusquait avec le bras ou la jambe dans les trous de rochers ,,, je revois sa mine réjouie quand il me mettait sous le nez la bête accrochée à sa peau de toutes ses tentacules ,,, promesse d'un divin repas pour le soir même ,,,

     

     

    Pour en terminer (provisoirement), le dessert du dimanche , quand j'attendais impatiemment la fin de la messe pour choisir chez le boulanger de la rue de l'Union les pâtisseries qui allaient couronner le repas dominical ,,,,,

     

     

    Saveurs d'enfance ...

     

     


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  •  T'es pas cap ..!!!

    C’était l’époque des challenges….

    le temps des « t’es pas cap.. !! » …j’avais treize ans..en quatrième..…

    peu de temps auparavant j’avais eu la chance de gagner

    un concours de dessins organisé par la quotidien « Ouest-France »….

    une partie de mon gain m’avait permis de m’offrir mon premier appareil photo…

    un reflex Kodak dans sa belle housse de cuir fauve…je l’avais amené au Lycée , bravant les interdits….et poussant le bouchon encore plus loin , j’avais tiré le portrait de mes profs…pendant les cours…sans me faire prendre….bien sûr la qualité est très mauvaise….mais j’avais l’excuse du danger et de l’adrénaline quand à mon signal mes voisins de devant se couchaient sur la table , cessant de me masquer pour permettre le succès de mon défi…..lui c’était Monsieur Hastey…le prof d’Anglais…..je ne vous raconte pas le prestige quand j’ai pu exhiber les tirages…

     

     

    …….Le prof de Physique/Chimie….j’ai oublié son nom…

     

     

    T'es pas cap ..!!!

     


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  •  

    Je regarde l’époque

    où nous vivons avec un étonnement de tous les instants.

     

    La banalisation du miracle technologique permanent me sidère un peu plus chaque jour.

    Voir avec quelle aisance un gamin de 6 ans utilise un ordinateur ou les ressources multiples du dernier modèle de portable à pour moi quelque chose de fascinant. Vous me direz que j’appartiens à une autre génération….bien sûr….une époque qui n’avait pas encore enclenché la surmultipliée …il nous arrivait encore d’être surpris….le progrès avançait à pas mesurés et les innovations géniales ne nous tombaient pas encore dessus en avalanche continue..

     

    Il y a une petite cinquantaine d’année…j’avais 15 ans…l’un de mes plus beaux anniversaires…j’avais reçu le bijou technologique de l’époque…une révolution dans le quotidien de tous les ados d’alors….un TEPPAZ….un petit tourne-disque valise que l’on pouvait amener partout avec nous…pour peu que ce « partout « soit muni d’une prise électrique…..Cette géniale invention qui coïncidait avec le début du boum des 45 tours , nous libérait de la contrainte du combiné radio/pick-up qui trônait dans le salon familial….il devenait possible de s’isoler ou se réunir entre copains pour prendre et surfer sur la vague naissante des jeunes idoles de la variété…enfin écouter des musiques qui nous ressemblaient…les surprises parties sont nées avec le Teppaz….l’armada de stars de l’époque doit tout au Teppaz…..et au transistor….autre révolution….tellement lointaine pour vous…tellement proche pour moi…

     

     

    A voir l’emballement de la machine progrès (si on peut appeler çà progrès) je me demande à quoi ressemblera notre univers à ne serait-ce que cinq ans d’ici…..il y a seulement vingt ans , personne…pas un mage…..pas un devin…pas un prévisionniste professionnel n’aurait imaginé ni même soupçonné notre quotidien 2006…..de plus en plus difficile à suivre…de moins en moins apte à nous rendre heureux….et pourtant tellement riche d’inattendu….je me félicite quand même chaque jour un peu plus d’avoir gardé jusqu’à maintenant la précieuse faculté de pouvoir m’étonner…

     

    Teppaz ...


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    1959

     

     

    Cours de Français , Mr. Zaglio , fringant petit corse nerveux ,

    écrit au tableau noir , il attend toujours d’avoir fini sa phrase

    pour placer accents , points et ponctuation ,

    de violents coups de son bâton de craie qui ébranlent le tableau

    et cassent une fois sur deux son morceau de calcaire.

    Pleber me regarde , un sourire en coin ,

    pas besoin de parler nous nous sommes compris.

    Le cours terminé , le couloir désert , nous revenons en catimini

    dans la classe vide…..sortons un canif de notre poche

    et entreprenons de sortir au trois-quarts les vis

    qui maintiennent le tableau fixé au mur…………

     

    Comme à son habitude , le petit prof termine d’écrire sa phrase ,

    fait trois pas de côté pour admirer son œuvre

    avant de commence à marteler ses points et virgules….

    deux secondes de suspense et le grand tableau se décroche….

    arc-bouté , les deux mains appuyées , de toutes ses forces

    il tente de le retenir , la classe est morte de rire ,

    nous deux arborons une simple expression de satisfaction modeste….

    c’était fait nous allions pouvoir passer à autre chose.

    Mr. Zaglio avait perdu son humour , plaqué sur son tableau , il éructe :

     

    • Bande de petits cons , au lieu de vous marrer

    • comme des baleines venez m’aider !!! -

     

    Nous nous précipitons pleins de bonne volonté

    pour le sortir de ce mauvais pas , c’est à peine si nous avons décelé

    une lueur de reconnaissance dans son regard furibond.

    Pourtant à l’occasion , il savait nous faire rire…..

    j’ai en mémoire cet après-midi de printemps ensoleillé

    qui nous invitait à la rêverie , quand l’un d’entre nous ,

    je n’ai jamais su exactement de qui il s’agissait

    quoique j’ai quelques soupçons , se laissa aller à lâcher un pet sonore

    et prolongé qui déchira la quiétude quasi religieuse

    de cette délicieuse fin de journée.

    Le premier moment de stupeur passé ,

    la classe partit d’un éclat de rire homérique.

    Le calme revenu , le prof laissa tomber d’un ton sentencieux

    du haut de sa chaire :

     

     

    « L’esprit sort par où il peut ! »

     

    Tableau noir ...


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    1958..1959…le temps de mes premières surprise parties….

    les « surpats »….

    c’était avant les surboums et les boums qui arrivèrent bien plus tard…

     

    J’étais en seconde au Lycée Victor Grignard….j’habitais sur la colline d’Octeville au-dessus de Cherbourg…de ma fenêtre j’avais la mer… le large…parfois il me semblait apercevoir l’Angleterre….je la retrouvais le soir dans ma chambre , lumière éteinte , allongé dans mon cosy corner , je caressais les boutons de ma petite radio de bakélite à l’affût des programmes britanniques que je recevais nets et clairs de par la proximité des stations émettrices…beaucoup mieux que les stations françaises….Luxemburg night programs…BBC…radio Caroline…Shape radio ... programmes à l’attention des troupes américaines stationnées en Europe….

     

    Avec mes copains qui partageaient ma passion nocturne nous étions en avant-première au courant de toute l’actualité musicale anglo-saxonne et absolument ignorants de la vague Yé-yé qui commençait à déferler sur la France..

    Je me régalais des Shadows... Cliff Richard….. Paul Anka…Brenda Lee....Neil Sedaka…Buddy Holly…Chuck Berry…Eddie Cochran...Jack Scott...et toutes les stars anglo saxonnes de l’époque….j’avais en outre la chance d’avoir un copain Canadien dans ma classe….une partie de sa famille était restée à Montréal….il recevait régulièrement des colis entiers de nouvelles parutions discographiques d’outre-Atlantique….nous avons bercé nos premières soirées dansantes de ces fabuleuses sonorités venues d’ailleurs….à mille années lumières des Johnny Hallyday…Franck Alamo…Sheila…et autres Chaussettes noires…

     

     

    Jack Scott et ses slows…la star incontestée de cette période…..inimaginable une soirée sans lui….avec son étonnante voix grave pour nous épauler…nous devenions tous irrésistibles….

     


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