C'est l'été 74 ,

la tête encore pleine des mélodies envoûtantes de George Harrison ,

je suis parti en Inde sur les traces des Beatles ...

...Je me perd dans les ruelles du vieux Delhi ,

je balade mon objectif dans les ashrams qu'ils auraient pu visiter ,

je traque les visages mystérieux de gurus ou saddhus qu'il auraient pu rencontrer ...

je m'égare dans les parfums d'encens et les rythmes obsédants

de ragas lancinants qu'ils auraient pu entendre ....

.......irrépressible désir de s'asseoir là , ...

ne plus bouger ....

se laisser prendre par l'esprit dans un voyage sans fin...

Cette image

qui me fait réfléchir…
réflexion sur la désincarcération….......
et par extension sur la liberté…

Elle me renvoie à l’anecdote du déséquilibré
qui regarde toute la journée la foule des passants
à travers les grilles de son asile…
jusqu’au moment où il en interpelle un et lui demande :

« Vous êtes combien là-dedans.. ??? »

LIBERTE…que de folies commises ou subies en son nom….
une des plus grandes utopies de l’histoire du monde…
.avec son pendant….EGALITE….
Deux vues de l’esprit qui n’ont jamais eu et n’auront jamais le plus petit embryon de réalité…
Deux chimères malgré tout inlassablement poursuivies depuis des siècles par des générations de rêveurs impénitents..

Dès sa naissance…
le petit humain affligé de raison sait qu’il passera sa vie enfermé
dans un espace temps variable suivant les uns et les autres
(seule inconnue et première inégalité..)…pas moyen d’y échapper..

Le petit humain en grandissant va devoir se soumettre
à un faisceau de contraintes plus aliénantes les unes que les autres ,
 mais indispensables pour la survie de la communauté et sa cohésion sociale…
un tas d’obligations auxquelles personne ne peut échapper…
et qui n’ont rien à voir ni de loin ni de près avec le plus élémentaire libre arbitre..

Au fil du temps il va s’enfermer dans une kyrielle de conventions…
 d’idées reçues…d’idées préconçues…prémâchées…

de croyances….de dogmes….

il se cloîtrera dans une religion…un parti…
une Chapelle…un groupe..une tribu…une communauté….

on ne lui demandera jamais de penser même si on lui fait croire le contraire ou s’il en a l’illusion…d’autres s’en chargent…eux-mêmes au service d’entités qui les emploient pour une raison qui n’a rien à voir ni avec la Liberté ni même avec l’Humanité asservie depuis toujours à des divinités laïques obscures et indéfinies dont la profession de foi se résume en deux mots…exploitation et profit…

La Liberté est un leurre….avec ses corollaires que sont droits de l’homme est causes humanitaires…

Bien sûr qu’on ne doit pas rester bras croisés devant les misères du monde….bien sûr qu’on peut se révolter….mais il ne faut pas être dupe.... se donner bonne conscience n’interdit pas la lucidité.......pas plus qu’elle n’autorise une complaisante duplicité..

Août 74

Il est quatre heure du matin ,

épuisé par l'interminable vol charter

je suis écroulé sur une banquette poisseuse ,

la tête sur mon sac à dos ,

avec quelques autres routards à attendre le lever du jour pour quitter l'aéroport endormi .

A travers la vitre sale , je regarde les avions immobiles sur le tarmac ,

couverts de grands oiseaux lugubres

serrés les uns contre les autres en funèbres guirlandes ,

quelqu'un m'explique que ce sont des vautours ,

certains habitants du voisinage ont pour coutume de déposer leurs morts

sur le toit des maisons afin de servir de nourriture aux charmants volatiles

qui viennent digérer  leur festin sur les ailes des longs courriers ,

incrédule je me retourne pour vérifier si l'on n'essaie pas d'abuser de ma naïveté ,

mais non , l'individu a l'air sérieux de celui qui connaît son sujet ,

il ne plaisante sûrement pas , l'estomac retourné je pense qu'il dit vrai .

Quoi qu'il en soit je coupe court à son histoire

et lui demande de ne pas approfondir ,

je me cale dans mon coin et me laisse aller à la somnolence

dans la touffeur moite de ma première nuit indienne .

L'aube blafarde me tire de ma torpeur , je me lève péniblement ,

charge mon sac sur le dos et gagne la sortie .

Il fait encore sombre , le bitume fatigué brille d'humidité ,

je me dirige vers un taxi antédiluvien , presque une épave ,

ma chemise et mon jean me collent à la peau , je ruisselle de sueur ,

le chauffeur affalé sur son volant sursaute à mon approche ,

jaillit de son véhicule et me noie sous un déluge verbal incompréhensible ,

je saisis néanmoins que je lui fais un grand honneur

d'avoir choisi sa poubelle plutôt qu'une autre ,

qu'il était le meilleur du pays , que les dieux m'avaient fait un grand cadeau

de le mettre sur ma route , avec force courbettes il me débarrasse de mon sac

qu'il jette dans son coffre rouillé qu'il referme avec une ficelle ,

je n'ai pas d'a priori contre les palaces qu'il me propose

mais je lui demande simplement de me conduire au centre de la ville

 préférant me faire ma propre idée sur mon futur lieu de villégiature .

Le ciel est bas et lourd d'énormes nuages noirs ,

la voiture avance lentement sur la route défoncée  ,

zigzaguant entre ornières et flaques boueuses ,

se frayant à grands coups d'avertisseur un chemin

au milieu d'une foule de zombies fantomatiques et silencieux ,

blanches silhouettes de cauchemar en mouvement

dans la pénombre glauque et nébuleuse ,

interminable cortège chargé d'objets hétéroclites

balayé furtivement par le pinceau des phares , visions fugitives qui me glacent le sang .

Après un long moment nous longeons maintenant de sombres bâtisses , 

de plus en plus nombreuses et rapprochées au fur et à mesure de notre progression ,

paysage dantesque d'après bombardement ,

j'ai l'impression d'évoluer dans un champs de ruines multicolores

grouillant d'une vie moyenâgeuse , la cour des miracles ,

un gigantesque bidonville bâti de bric et de broc ,

des effluves nauséabondes m'emplissent les narines ,

la chaleur augmente de minute en minute ,

j'ai la désagréable impression que je vais tourner de l'œil

mais je suis malgré tout fasciné par le spectacle ...

je pense bizarrement aux magnifiques photos

que je vais pouvoir tirer d'une aussi splendide décrépitude .

Le nez collé à la vitre je ne me suis pas rendu compte que la voiture s'était immobilisée ,

le petit chauffeur m'ouvre la portière ,

-          J'ai demandé le centre de la ville ! --          -It's here Sahib !

-          J'y étais .... éberlué je lui tend quelques roupies ,

charge mon sac sur le dos et me mêle aussitôt à la fourmilière humaine ……

Tolérance...
Merci pour cette réflexion...

J'ai lu la bible il y a fort longtemps….. personne ne me l'a demandé, ce fut par curiosité et pour comprendre notre société….. j'y ai découvert des pensées bien tristes parfois, de colère, de mort, de destruction... je crois que le problème a sa source en soi...SOI.... se dire que pour exister il n'est nul besoin d'affronter... pour s'identifier, il n'est ni nul besoin de se comparer... pour aimer, il suffit juste de ne pas s'attacher aux dogmes quels qu'ils soient car un dogme est la division et le rejet même de l'universalité.

Souvent je me suis demandé pourquoi nous passons nos vies pourtant si chères à

vouloir croire que notre existence est liée à des dogmes, que certains sont élus

et pas d'autres... que certains détiennent la vérité mais pas tous...

Tout çà pour le POUVOIR... LA DOMINATION...

Nous nous imposons bien des difficultés et des barrières entre nous, les Etres Humains et ce conflit de religion qui a toujours existé est TRISTE.... je ne veux voir que l'ETRE HUMAIN sans comparaison, chercher le fond et non le superficiel pour comprendre et avoir l'esprit ouvert totalement pour ne pas tomber moi aussi dans le jugement.... et me dire que nous sommes capables de percevoir ce qui est le plus précieux en nous : la capacité à produire le meilleur....

 Mais y arriverons-nous ??? Je n'en suis plus aussi certaine face aux évènements qui se profilent...

Un bien joli blog que celui-ci, un espace intime que j'apprécie. Merci pour le partager.

Angelita ( le 2007-01-09 à 22:41:12 ) :