• Je me souviens ...

    ... de rencontres indiennes ...... J'aime les rencontres ,

    les plus attendues comme les plus inattendues..les fugitives ou celles qui durent....

    j'aime l'image croisée au hasard  qu'on imprime d'un déclic

    pour la graver ailleurs que dans une mémoire que l'on craint défaillante...

    ....Un train entre Delhi et Bénarés..

    un train des Indes...avec ses wagons à bestiaux bondés pour les natifs ,

    grappes humaines accrochées sur leurs flancs comme elles peuvent ,

    en instable équilibres sur les toits avec leurs paquets multicolores....

    avec ses wagons blindés pour touristes , les barreaux aux fenêtres et portes verrouillées

    pour les protéger de la misère ..vision de bras décharnés qui se tendent malgré tout sous le nez.....

    en quête d'une pièce ou d'un peu de nourriture......

    gardes enturbannés qui les chassent à coups de bâtons.....

    et ce mendiant très digne avec son singe sur l'épaule ...

    échange d'une grimace contre un sourire et l'intégralité de mon plateau repas..

     

     

    Inde 74

     

    Rencontres ...


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    Lors de mon périple en Amérique de sud ,

     

     

    il m’est arrivé de croiser à maintes reprises un grand gaillard hirsute ,

     

     

    aussi débraillé qu’efflanqué , l’œil vissé à son appareil photo

     

     

    il mitraillait sans relâche…tout et n’importe quoi sans distinction…

     

    une véritable boulimie photographique….

     

    intrigué , j’ai fini par lui demander le nombre de bobines qu’il avait en réserve

     

    pour alimenter et soutenir un tel rythme frénétique…

     

    Il m’a répondu…..

     

    • Je n’ai pas de pellicules….l’objectif de mon appareil est en prise directe

    • avec mon cerveau et ma mémoire…

    • j’emmagasine un maximum pour les jours sans….

    • quand je ne pourrai rien faire d’autre que de me passer le film…-

     

     

    J’ai pensé très fort à lui hier soir en regardant l’excellent DVD

     

     

     

    de Tim Hunter….. » Le Saint de Manhattan » .....

     

     

    histoire bouleversante de deux naufragés de la vie qui se raccrochent désespérément

     

     

    l’un à l’autre pour ne pas couler tout à fait..

     

    le vieux (Danny Glover)..SDF du jour au lendemain..

     

    comme ça arrive plus qu’on ne le pense de nos jours….

     

    et le jeune (Matt Dillon)…abandonné de tous et complètement désarmé

     

     

    à sa sortie de l’hôpital Psychiatrique où il soignait sa schizophrénie…..

     

    touchant de candeur naïve….photographe sans pellicule…

     

    à cadrer inconscient des risques ses compagnons de misère..

     

    jusqu’à y laisser sa vie….

     

    Il entendait des voix…..comme Moïse ou Jeanne d’Arc…

     

    au dire de son vieil ami….un saint qui se serait trompé d’époque…..

     

     

     

    Le Saint de Manhattan ...


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    L’avion plonge dans l’océan de verdure

    que nous survolons depuis deux heures , nous frôlons la cime des arbres……

    à travers le hublot , je vois le bout de l’aile à quelques mètres des branches et des lianes…nous roulons sur une piste de terre tassée dans une trouée de la forêt vierge….

    une grande allée dans la pénombre d’un sous bois….

     

    Tôt ce matin nous étions une cinquantaine , à l’aéroport de Guatemala city ,

    nous avions choisi l’avion pour nous rendre à Tikal ,

    la plus belle des métropoles religieuse du monde Maya , en plein cœur

    de la jungle du Peten à environ cinq cent kilomètres au nord de la capitale .

    J’avais abandonné l’idée du bus , manque de temps ,

    effrayé aussi par la perspective d’ interminables heures à cahoter

    sur d’improbables pistes forestières.

     

    L’avantage de Tikal sur les autres sites visités au Mexique

    c’est précisément son isolement , perdue loin de tout elle est relativement épargnée

    par le tourisme de masse peu propice au développement de la rêverie

    et du mystère qu’on serait en droit d’attendre de tels lieux.

     

    Le silence ponctué d’inquiétants craquements et de cris d’animaux indéfinissables…

    le groupe s’est égayé à droite et à gauche et je me retrouve seul

    à respirer les odeurs d’humus et de mousse des pierres branlantes….

    vestiges grandioses dans leur gangue de terre et de racines ,

    énorme tête grimaçante au détour d’un sentier….pyramide de lichens

    au milieu d’une clairière….j’ai l’impression d’être le premier….

     

    Aventurier…..sorti tout droit de l’album de Tintin et les Picaros….

     

    Tikal ...


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    Fatigue…grosse fatigue..

     

    Lassitude d’un combat quotidien pour sa simple survie ,

    très loin du bien-être , une lutte de chaque instant pour être ,

    tout simplement , avoir un petit peu la sensation d’exister….

    une infime raison pour continuer à avancer

    dans un monde qui ne veut pas de vous , qui multiplie les obstacles

    dans un environnement hostile….malheur d’avoir vu le jour

    au milieu des détritus….misérable parmi les misérables ….

    une erreur de distribution qui vous fait éclore dans une société

    qui hiérarchise sa misère….castes….paria…intouchable…

    pauvre des pauvres.. , le plus bas de l’échelle…

    la poussière dont on vient et que l’on retrouve

    avec l’impression de ne l’avoir jamais quittée..

     

    Envie de s’arrêter là….de se poser….fermer les yeux sur l’avenir….dormir..

     

     

     

    Photo Delhi 1974

     

    Paria ...


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    La pluie…

    averses incessantes…rideau liquide

    crépitant sur l’inextricable frondaison de la jungle Laotienne…

    la pluie de mousson…douche tiède qui ne laisse que peu de répit…

    qui vous enlève toute chance de sécher

    et vous cantonne dans un univers moite

    aux relents de pourriture et de végétation décomposée….

     

    Luang Prabang …la cité royale , la ville au 65 pagodes …

    noyée sous le déluge de cet été 72 

    désertée de sa population fuyant une autre mitraille ,

    un autre déluge…de feu celui là…..

    encore tenue par une poignée de soldats loyalistes

    Hmongs de Xieng Khouang…

    cernée par le Pathet Lao et le Vietminh….

    étrange ambiance…étrange cohabitation

    avec ces petits hommes verts armés jusqu’aux dents

    qui nous regardent avec un ahurissement incrédule ,

    photographier sous l’illusoire protection de nos K-ways

    des merveilles d’architectures ou de sculptures

    qu’on ne leur a sans doute jamais appris à voir…

    surréalisme de notre situation

    qui nous pousse à bénir cette avalanche céleste

    qui nous permet , l’espace d’une courte trêve ,

    de nous évader de la sécurité de l’hôtel

    et ses interminables partie de cartes avec des militaires

    galonnés ou étoilés coincés comme nous entre l’eau et le feu…

    bienheureuse inconscience de notre jeunesse

    qui nous promène sur un champ de bataille

    avec l’inébranlable conviction d’être à l’abri des obus

    sous la protection bienveillante

     

    des Dieux de l’ART…

     

    Mousson ...


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