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Par Bottle le 9 Avril 2021 à 11:15
Je me souviens ...
... de rencontres indiennes ...... J'aime les rencontres ,
les plus attendues comme les plus inattendues..les fugitives ou celles qui durent....
j'aime l'image croisée au hasard qu'on imprime d'un déclic
pour la graver ailleurs que dans une mémoire que l'on craint défaillante...
....Un train entre Delhi et Bénarés..
un train des Indes...avec ses wagons à bestiaux bondés pour les natifs ,
grappes humaines accrochées sur leurs flancs comme elles peuvent ,
en instable équilibres sur les toits avec leurs paquets multicolores....
avec ses wagons blindés pour touristes , les barreaux aux fenêtres et portes verrouillées
pour les protéger de la misère ..vision de bras décharnés qui se tendent malgré tout sous le nez.....
en quête d'une pièce ou d'un peu de nourriture......
gardes enturbannés qui les chassent à coups de bâtons.....
et ce mendiant très digne avec son singe sur l'épaule ...
échange d'une grimace contre un sourire et l'intégralité de mon plateau repas..
Inde 74
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Par Bottle le 6 Novembre 2020 à 16:49
Lors de mon périple en Amérique de sud ,
il m’est arrivé de croiser à maintes reprises un grand gaillard hirsute ,
aussi débraillé qu’efflanqué , l’œil vissé à son appareil photo
il mitraillait sans relâche…tout et n’importe quoi sans distinction…
une véritable boulimie photographique….
intrigué , j’ai fini par lui demander le nombre de bobines qu’il avait en réserve
pour alimenter et soutenir un tel rythme frénétique…
Il m’a répondu…..
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Je n’ai pas de pellicules….l’objectif de mon appareil est en prise directe
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avec mon cerveau et ma mémoire…
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j’emmagasine un maximum pour les jours sans….
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quand je ne pourrai rien faire d’autre que de me passer le film…-
J’ai pensé très fort à lui hier soir en regardant l’excellent DVD
de Tim Hunter….. » Le Saint de Manhattan » .....
histoire bouleversante de deux naufragés de la vie qui se raccrochent désespérément
l’un à l’autre pour ne pas couler tout à fait..
le vieux (Danny Glover)..SDF du jour au lendemain..
comme ça arrive plus qu’on ne le pense de nos jours….
et le jeune (Matt Dillon)…abandonné de tous et complètement désarmé
à sa sortie de l’hôpital Psychiatrique où il soignait sa schizophrénie…..
touchant de candeur naïve….photographe sans pellicule…
à cadrer inconscient des risques ses compagnons de misère..
jusqu’à y laisser sa vie….
Il entendait des voix…..comme Moïse ou Jeanne d’Arc…
au dire de son vieil ami….un saint qui se serait trompé d’époque…..
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Par Bottle le 3 Novembre 2020 à 15:48
L’avion plonge dans l’océan de verdure
que nous survolons depuis deux heures , nous frôlons la cime des arbres……
à travers le hublot , je vois le bout de l’aile à quelques mètres des branches et des lianes…nous roulons sur une piste de terre tassée dans une trouée de la forêt vierge….
une grande allée dans la pénombre d’un sous bois….
Tôt ce matin nous étions une cinquantaine , à l’aéroport de Guatemala city ,
nous avions choisi l’avion pour nous rendre à Tikal ,
la plus belle des métropoles religieuse du monde Maya , en plein cœur
de la jungle du Peten à environ cinq cent kilomètres au nord de la capitale .
J’avais abandonné l’idée du bus , manque de temps ,
effrayé aussi par la perspective d’ interminables heures à cahoter
sur d’improbables pistes forestières.
L’avantage de Tikal sur les autres sites visités au Mexique
c’est précisément son isolement , perdue loin de tout elle est relativement épargnée
par le tourisme de masse peu propice au développement de la rêverie
et du mystère qu’on serait en droit d’attendre de tels lieux.
Le silence ponctué d’inquiétants craquements et de cris d’animaux indéfinissables…
le groupe s’est égayé à droite et à gauche et je me retrouve seul
à respirer les odeurs d’humus et de mousse des pierres branlantes….
vestiges grandioses dans leur gangue de terre et de racines ,
énorme tête grimaçante au détour d’un sentier….pyramide de lichens
au milieu d’une clairière….j’ai l’impression d’être le premier….
Aventurier…..sorti tout droit de l’album de Tintin et les Picaros….
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Par Bottle le 25 Octobre 2020 à 16:55
Fatigue…grosse fatigue..
Lassitude d’un combat quotidien pour sa simple survie ,
très loin du bien-être , une lutte de chaque instant pour être ,
tout simplement , avoir un petit peu la sensation d’exister….
une infime raison pour continuer à avancer
dans un monde qui ne veut pas de vous , qui multiplie les obstacles
dans un environnement hostile….malheur d’avoir vu le jour
au milieu des détritus….misérable parmi les misérables ….
une erreur de distribution qui vous fait éclore dans une société
qui hiérarchise sa misère….castes….paria…intouchable…
pauvre des pauvres.. , le plus bas de l’échelle…
la poussière dont on vient et que l’on retrouve
avec l’impression de ne l’avoir jamais quittée..
Envie de s’arrêter là….de se poser….fermer les yeux sur l’avenir….dormir..
Photo Delhi 1974
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Par Bottle le 24 Octobre 2020 à 14:50
La pluie…
averses incessantes…rideau liquide
crépitant sur l’inextricable frondaison de la jungle Laotienne…
la pluie de mousson…douche tiède qui ne laisse que peu de répit…
qui vous enlève toute chance de sécher
et vous cantonne dans un univers moite
aux relents de pourriture et de végétation décomposée….
Luang Prabang …la cité royale , la ville au 65 pagodes …
noyée sous le déluge de cet été 72
désertée de sa population fuyant une autre mitraille ,
un autre déluge…de feu celui là…..
encore tenue par une poignée de soldats loyalistes
Hmongs de Xieng Khouang…
cernée par le Pathet Lao et le Vietminh….
étrange ambiance…étrange cohabitation
avec ces petits hommes verts armés jusqu’aux dents
qui nous regardent avec un ahurissement incrédule ,
photographier sous l’illusoire protection de nos K-ways
des merveilles d’architectures ou de sculptures
qu’on ne leur a sans doute jamais appris à voir…
surréalisme de notre situation
qui nous pousse à bénir cette avalanche céleste
qui nous permet , l’espace d’une courte trêve ,
de nous évader de la sécurité de l’hôtel
et ses interminables partie de cartes avec des militaires
galonnés ou étoilés coincés comme nous entre l’eau et le feu…
bienheureuse inconscience de notre jeunesse
qui nous promène sur un champ de bataille
avec l’inébranlable conviction d’être à l’abri des obus
sous la protection bienveillante
des Dieux de l’ART…
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