• Tout sur Bottle...« A voir tant de gens qui dorment et s'endorment à la nuit,

    Je finirai, c'est fatal, par pouvoir m'endormir aussi.

    A voir tant d'yeux qui se ferment, couchés dans leur lit,

    Je finirai par comprendre qu'il faut que je m'endorme aussi. »

     

     

    ….Les insomnies de Barbara
    qui bercent les miennes sans succès..

    sa voix hachée et hésitante en fond sonore virtuel…

    Les yeux ouverts sur la nuit blanche , à détailler les ombres du plafond…

    Les absents si présents qui viennent hanter la vacuité de mon esprit en quête de sommeil…le passé qui se télescope au présent comme une machine à voyager dans le temps qui serait devenue folle….fantasmagories multiples que l’on voudrait graver quelque part pour les faire vivre au grand jour…

    C’est dans ces moments là que je brosse mes plus belles peintures…que j’écris mes plus beaux textes que je triture , fignole , cisèle à l’infini pour atteindre une perfection que j’aurais oubliée au petit matin…

    C’est dans ces moments là que tout devient possible que l’on ose ce que l’on n’a jamais osé et que l’on devient ce que jamais on ne sera jusqu’aux premières lueurs de l’aube..



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  • Tout sur Bottle...

    « Le monde est dangereux à vivre !
    Non pas tant à cause de ceux qui font le mal,
    mais à cause de ceux qui regardent
    et laissent faire « 

     

    Albert Einstein

      

     





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  • Tout sur Bottle...

     

    Les fidèles de mon blog  n’auront certainement pas oublié 

     un certain article du 25 mars intitulé « pas cap’.. »….

    il relatait mes exploit de paparazzi au détriment de mes profs
    alors que j’étais jeune potache…

    La photo ci-jointe accompagnait mon propos….
    elle représente Monsieur Hastey…
    le professeur d’Anglais qui eut la rude tâche de m’initier
    à la langue de Shakespeare tout au long de mes années de bahut…

     

    J'avais reçu  le commentaire suivant
    à la suite de la publication initiale de ce post…
    une fois de plus la magie d’internet m'avait laissé baba..

     

    10. posté par petitenièce le 17 February 2007 10:28:20. 

     

    S'agirait-il de RAYMOND HASTEY???....Prof d'anglais...en normandie...C'est (ou c'était??...) mon grand-oncle...Plutôt amusant!!

     

    Je suis parti en marche arrière dans le temps à la vitesse grand V…..qu’avait gardé ma mémoire du souvenir de ce monsieur… ??...quelles traces y avait-il laissées… ???

     

    …....British jusqu’au bout des ongles…..jusqu’aux chevrons de sa veste en tweed…jusqu’aux fermoirs chromés de sa serviette en cuir fauve…

    Pas un mot de français pendant ses cours… nous étions tous transporté l’espace d’une heure au-delà du Channel…au cœur de la perfide Albion..

     

    Il nous avait tous abonnés à une revue…je ne sais plus si elle était hebdomadaire ou mensuelle….j’en revois le titre « Butterfly « …je me souviens que des jours durant nous en analysions chaque article dans le moindre détail…

    Je me souviens des correspondants qu’il avait dégottés à ceux qui en avaient exprimé le désir….pratiquement toute la classe….j’ai oublié le nom du mien…mais je me rappelle qu’il était de Plymouth….combien de missives avons-nous écrites en tirant la langue et feuilletant fébrilement le dictionnaire pour raconter dans le détail la banalité de notre quotidien de lycéen..

     

    Je lui doit cependant l’un des meilleurs moment de ma jeune existence…

     

    Certains rêvent en regardant partir les trains….moi c’étaient les paquebots…l’escale bi-hebdomadaire des deux géants de la Cunard Line..le « Queen Mary »…et le « Queen Elisabeth »….identifiables par leurs énormes cheminées rouges qui coiffaient leur pont supérieur bien au-dessus de la toiture de la gare maritime (trois pour le premier , deux pour le second)…j’aimais les voir arriver et repartir à grands coups de sirènes…je les regardais se perdre au-delà de l’horizon de la plage Napoléon , des rêves d’ailleurs plein la tête….Les jours de gros temps , il ne venaient pas à quai…ils restaient ancrés au large….un bateau transbordeur amenait les passagers en partance à leur embarquement et ramenait ceux qui finissaient leur traversée à Cherbourg…

     

    Un matin , Monsieur Hastey nous annonce qu’il a une bonne surprise pour nous…cinq places pour visiter le « Queen Elisabeth »…....cinq autorisations pour monter à bord tout le temps de l’escale…..vous n’imaginez pas ce qui peut se passer dans la tête des gamins de douze ans que nous étions à l’époque à l'énoncé d'une pareille nouvelle..…..chacun écrit fiévreusement son nom sur un morceau de papier qu’il plie en quatre et va déposer sur le bureau du professeur..

     

    Je croise les doigts tandis qu’il déplie les petits bulletins et nomme un à un les heureux élus…..mon nom arrive en quatrième position…mon cœur bondit dans ma poitrine…c’est l’un des plus beaux jours de ma jeune vie…

     

    Comble de bonheur il faisait très mauvais temps le jour fixé….groupés autour de monsieur Hastey sur le pont du transbordeur à fouiller la brume de tous nos yeux pour tenter d’apercevoir au loin la silhouette du mastodonte…accrochés au bastingage en prenant garde de ne pas se faire emporter par un paquet de mer…décoiffés par le vent...balancés d’avant en arrière et de droite à gauche par les flots en furie…un goût de sel dans la bouche…nous étions les veinards les plus heureux du monde….


     


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    Quand le printemps frappe à la porte ,

    il est un plaisir plus grand que d’éteindre son téléphone….
    c’est de fermer son ordinateur pour aller respirer ….…

     

    Quand le soleil vous pousse dehors avec insistance
    on ne se sent pas la volonté de refuser son invite
    et l’on s’y laisse aller de bonne grâce….

    C’est tout naturellement qu’on franchit la barrière de l’image virtuelle
    pour entrer dans une autre dimension ,
    celle des merveilles d’Alice qu’on avait oubliées
    tant on prend l’habitude de ne les voir que par écran interposé…

     

    Un dimanche à Auvers….
    ce pourrait être l’intitulé d’une toile impressionniste…

    Promenade au long de l’Oise dans les pas de Van Gogh…
    sentir vibrer la lumière avec la sensibilité d’un Pissaro…..
    goûter les nuances d’ombre avec la gourmandise d’un Sisley…..
    s’alanguir dans l’herbe tendre tel un modèle de Renoir….
    s’enivrer aux parfums délicats d’une nature en gestation
    et tout près d’exploser……se sentir exister
    avec l’ineffable sensation de communier intensément
    à l’éveil des beaux jours…


                                      
     

    Et dans la tête la ritournelle du Gabin de « La belle équipe »….

     

    Quand on s'promène au bord de l'eau,

    Comm' tout est beau...

    Quel renouveau ...

    Paris au loin nous semble une prison,

    On a le cœur plein de chansons.

    L'odeur des fleurs

    Nous met tout à l'envers

    Et le bonheur

    Nous saoule pour pas cher.

    Chagrins et peines

    De la semaine,

    Tout est noyé dans le bleu, dans le vert ...

    Un seul dimanche au bord de l'eau,

    Aux trémolos

    Des p'tits oiseaux,

    Suffit pour que tous les jours semblent beaux

    Quand on s'promène au bord de l'eau.


     


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    1957

     

    La flotte de guerre Américaine fait escale à Cherbourg…

     

    Partout on ne parle que de cela , de son gigantesque porte-avions WASP , des dix milles marins qui vont séjourner une semaine dans la ville , de mémoire d'autochtone , ça ne s’était jamais vu..

     

    La police militaire a investi la casemate abandonnée où nous allons souvent jouer , près de l’entrée du territoire de l’Arsenal….
    réaménagée elle est comme neuve , on se croirait figurant d’un de ces nombreux films en technicolor inspirés de la seconde guerre mondiale , on n’en veut même pas à ces grands gaillards débonnaires , à l’uniforme nickel , casqués de blanc avec les lettres MP en noir sur le devant , qui occupent dorénavant l’un de nos espaces d’aventure..

     

    Les navires sont ancrés à l’autre bout de l’Arsenal , derrière la Saline , une plage de galets et de rochers couverts de goémon , considérée comme terrain militaire où seules les familles des marins encasernés ont le privilège d’avoir accès , j’ai la chance de faire partie de ces privilégiés.

    Pour y accéder il faut suivre la route d’un kilomètre , bordée d’une succession de casernes , la plupart désaffectées , faisant face aux anciennes fortifications Vauban , désormais envahies d’une épaisse végétation sauvage , pleine d’arbres , de collines , de vallons et de recoins connus de nous seuls , un paradis fabuleux pour la bande de gamins que nous sommes .

    Cette route , j’en connais le moindre centimètre , je l’ai parcourue des centaines de fois , d’abord à pied et depuis un récent Noël , sur la selle de mon magnifique randonneur noir de marque CARARRA , nous organisons des courses avec les copains , le kilomètre départ arrêté , nous pédalons comme des forcenés , le nez dans le guidon , les mains en position basse….c’est à celui qui aura le plus beau vélo , nous l’embellissons sans cesse de nouveaux accessoires , j’ai ajouté au mien un compteur de vitesse qui me renseigne sur ma rapidité et la distance parcourue , deux petites hampes de part et d’autre du phare avec fanions qui claquent au vent , un porte bidon avec bidon fixé sur le cadre et de splendides sacoches noires à l’arrière..

    Après chaque sortie , nous nettoyons méticuleusement nos machines en insistant particulièrement sur les jantes et rayons chromés qui doivent toujours rester étincellants.

     

    La route des casernes , d’ordinaire si calme , mis à part deux fois par jour , le matin et le soir aux heures de départ et retour des ouvriers de l’Arsenal , elle est alors noyée sous une cohorte de milliers de cyclistes , c’est hallucinant , nous sommes habitués à ne rien perdre de cette incroyable procession laïque…..d’ordinaire si calme , disais-je , et maintenant sillonnée d’une noria de jeeps et camions yankees en tous genres…..malheureusement , tous les marins ne profitent pas de ces transports commodes , leur lieu de mouillage distant de plus de trois kilomètres du centre ville , beaucoup n’ont pour s’y rendre que la solution pédibus.

     

    C’est alors que nous vînt une idée géniale…..nous allons nous poster à proximité des navires et faire du vélo-taxi.

    Le résultat est allé au-delà de nos espérances , un succès immédiat , même pas fatigant , contre quelques jolies pièces frappées de l’aigle ou un paquet de cigarettes ou encore du chocolat , l’américain monte sur le vélo , nous derrière sur le porte-bagage , et c’est lui qui pédale jusqu’à la ville….à grands coups de gueules et d’éclats de rires tonitruants , c’est à qui arrivera le premier , leur bonne humeur nous gagne et nous les encourageons à grandes claques dans le dos , gonflés d’importance si par chance nous croisons une copine…

    Ensuite , nous faisons le chemin inverse et recommençons.

    Après des dizaines de navettes nous avons accumulé un fabuleux trésor que nous nous partageons en fin de journée , je donne les cigarettes à papa et je récupère l’emballage…j’ai décidé de commencer une collection de paquets de cigarettes américaines.

     

    La ville de 35 000 habitants se félicitait tout d’abord de ces 10 000 envahisseurs , on pouvait visiter les bateaux , le WASP ne désemplissait pas , on venait de très loin pour l’occasion , on se photographiait , on testait son anglais , comme aux beaux jours de la libération les filles se jetaient au cou des beaux militaires venus de si loin , les commerçants étaient ravis , surtout les nombreux bistrots , même s’il y eut pas mal d’incidents , le soir les rues semblaient exclusivement peuplées de viande saoule , le whisky avait été avantageusement remplacé par les tord-boyaux locaux , certains bars étaient le théâtre de véritables rixes de saloon dignes des meilleurs westerns , médusés on voyait arriver la jeep des MP suivie d’un camion bâché…..la police militaire armée de longues matraques se jetait dans la bataille et distribuait à gauche et à droite des coups d’une violence inouïe….elle ramassait ensuite les corps étendus ensanglantés pour les jeter sans ménagement à l’arrière du camion , comme de vulgaires paquets de linge sale.

     

    Comme ils étaient venus…ils sont repartis , nous avons retrouvé nos marques comme s’il ne s’était rien passé , la vie reprit son cours normal….parfois , de plus en plus rarement à mesure que le temps s’écoulait , on se laissait aller d’un :

     

    « Tu t’ rappelles les ricains.. ??? »


     

      


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