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     Un village perdu dans la région d'Anié

    pas loin du fleuve Mono au Togo ,

    j'essaie en vain d'échapper à la curiosité amusée et bon enfant

    des habitants du lieu ,

    une ribambelle de gosses me collent comme des mouches

    en quête d'un peu de monnaie ou d'un petit cadeau ,

    difficile de faire une bonne photo ,

    il me faudrait être moins voyant , plus discret ,

    en désespoir de cause je décide de m'éloigner

    à la recherche d'un sujet intéressant en dehors des habitations ,

    je laisse derrière moi les dernières huttes de branchages

    et m'engage sur la piste en latérite à l'abri des grands arbres ,

    les petits mendiants se sont lassés ,

    maintenant je suis seul ne quittant pas l'ombre pour me protéger

    des rayons du soleil , terribles en ce milieu de journée .

     

    Tout en cheminant perdu dans mes pensées ,

    je vois venir vers moi une jolie petite fille enveloppée d'un boubou multicolore ,

    toute luisante de sueur

    elle porte sur sa hanche droite un bébé agrippé à l'étoffe .

     

    Je pose un genou à terre pour être à sa hauteur

    et règle le viseur de mon appareil , la petite s'immobilise et me dévisage

    la mine grave et interrogative ,

    je lui fait mon plus beau sourire en levant le Nikon

    pour lui faire comprendre que je ne lui veut pas de mal ,

    simplement la prendre en photo ,

    elle ne dit rien , me fixe avec le sérieux d'une adulte et ne bouge plus .

    J'appuie trois ou quatre fois sur le déclencheur et me relève ,

    je la vois alors poser le bambin par terre et se précipiter vers moi ,

    j'ai instinctivement un mouvement de recul

    devant l'inattendu de sa réaction , elle se laisse tomber à mes pieds ,

    se saisi d'un coin de sa robe , crache dessus

    et entreprend de me nettoyer énergiquement

    de la terre rouge collée à mon genou , ceci fait elle se redresse ,

    ramasse le petit , le replace à califourchon sur son flanc

    et passe devant moi

    sans un mot sans un regard .

     

     

    La petite fille d'Anié ...

     


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  • J’ai lu ou vu quelque part un reportage sur les progrès concernant la répression de la délinquance…notamment l’informatique appliquée à la liberté conditionnelle sous formes de bracelets discrets , de poignets ou de chevilles , qui permettent de localiser l’intéressé vingt quatre heures sur vingt quatre où qu’il soit , quoiqu’il fasse…petites merveilles de technologie contemporaine..

     Cela m’a remis en mémoire une photo à demi oubliée dans mes archives de voyage…

     

     

    C’était au Yemen en 75 ,

    à cette époque , en cet endroit , il n’était pas rare de croiser des individus lourdement entravés

    de chaînes d’acier aux bras et aux jambes…comme des esclaves d’un autre temps…

    on avait résolu le surpeuplement carcéral de cette manière…..

    on peut considérer qu’entre hier et aujourd’hui rien de bien nouveau…..

    si l’on a modernisé la forme on n’a pas touché au fond..

    J’ai sous les yeux cette apparition d’un autre temps et pourtant tellement présente…

    je revois aussi la petite prison de pisé à l’une des portes de Sanaa…

    avec toutes ces mains tendues à travers les barreaux…

    on m’a raconté que les détenus n’étaient pas nourris par l’administration ,

    ils n’avaient pour subsister que ce que leurs familles ou des âmes charitables

    voulaient bien leur glisser dans leur cage….

    je me souviens aussi de ces deux niches de chaque côté des portes de la ville….

    deux cavités où l’on s’attendrait à voir des statues , religieuses ou pas…..

    deux trous vides dans la muraille au-dessus de longues coulures de sang séché…

    c’est là qu’à chaque exécution capitale on déposait les têtes coupées……

    ils étaient vacants ce jour là..….momentanément…

     

    Chaines ...

     

     

     


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  • Cachemire ...

     

     

    Srinagar

    aux premières lueurs de l’aurore…

    la nuit passée sans dormir dans l’antique bus brinqueballant

    pour fuir les chaleurs fétides de Dehli…

    routes sombres escarpées en fin de nuit à l’amorce des contreforts de l’Himalaya…

    douce fraîcheur embaumée de parfums exotiques…

    poser le sac et regarder la lumière frisante

    jouer sur le léger ondoiement des eaux du lac Dal…..

    fréter une shikara aux allures de gondole vénitienne ,

    se frayer un passage dans un tapis de lotus et nénuphars

    en directions des house-boats ancrés au large…..

    entrevoir au passage les mythiques jardins de Shalimar…

    glisser au milieu des hôtels flottants encore endormis…

    déchiffrer les noms aux enseignes… 

    »Harmony ». »Dream Palace »…Pride of India »…. »Almost Heaven »…….

    s’immobiliser enfin contre le bois de cèdre odorant du dernier… 

    »Queen of Africa »…

    notre villégiature pour les heures à venir…

     

    Cachemire ...

     

     


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  • Intemporelle….

     

    Toute la gravité et la confiance du monde dans un instant de grâce suspendu , figé pour toujours….dans la moiteur feutrée d’un soir d’été lointain… un endroit oublié , perdu quelque part… au fin fond méconnu de la jungle du Sarawak…

     

    Bornéo..1976

    Intemporelle ...

     

     

     

     

     


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  • Un éclat de sourire arraché au mal vivre….
    un instant de lumière qui ne doit rien au soleil…
    un souffle d’enfance universel en défi au futur…
    un espoir naturel d’une heureuse inconscience…….
    un déclic au millième de seconde au hasard d’un trottoir de Delhi….

    dans une autre vie…

     

    Un éclat de sourire ...


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