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Par Bottle le 7 Décembre 2012 à 11:31
A la recherche d’un souvenir perdu…
exercice que je pratique avec volupté depuis que j’ai pris l’habitude de les étaler sans pudeur aucune sur mes différents blog…Vous est-il arrivé d’essayer de vous remémorer le plus ancien… ??...le tout premier à avoir imprimé une mémoire vierge de toute image…..
la première ligne d’une page blanche…..J’attend….
au portail de l’école maternelle…
derrière les murs sombres d’une vieille église…
Equeurdreville…….C’est le soir…la classe est terminée ,
l’un après l’autre mes camarades partent avec un parent , ou grand frère…ou grande sœur venus les chercher sous le contrôle d’une institutrice attentive à la bonne dispersion de sa nichée de bambins braillards , rigolards ou pleurnichards….J’ai quatre ans….
Le béret vissé jusqu’aux oreilles , maman dit toujours qu’il ne faut pas que je le tire , que ce n’est pas joli…..elle me le pose soigneusement , élégamment incliné sur le côté….sitôt qu’elle a le dos tourné je le saisis à deux mains et le ramène vigoureusement vers le bas , au ras des yeux , aucun danger qu’il ne s’envole..Le vélo s’immobilise…..
Les freins font un bruit de trompette..il est immense..
Sans descendre , mon père se penche , me saisit sous les bras , je m’envole…..Il me pose devant lui , sur la petite selle vissée sur le cadre …..je pose mes pieds sur les deux plaques de métal de part et d’autre du sommet de la fourche , j’agrippe le guidon..
Un léger balancement de la machine….et nous partons..Le vent me fouette le visage comme nous prenons de la vitesse , je sens le souffle de mon père sur la nuque…..une énorme bouffée de bonheur et fierté mélangés me gonfle la poitrine….
je voudrais que l’on n’arrive jamais…..
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Par Bottle le 25 Novembre 2012 à 14:28
Un matin de juillet 69…
je me rappelle……
……………………………….
la nuit suivanteserait LA nuit du siècle…
pour rien au monde je ne l’aurai ratée…c’est pourquoi je me suis offert
le premier téléviseur de ma vie…
pas n’importe lequel …non……..
quand on sort juste des arts déco …
tout imprégné d’art moderne
et de design contemporain
on choisit avec discernement….
je me suis fait plaisir avec l’Algol de Brionvega…
une petite merveille
de Marco Zanuso et Richard Sapper
qui me faisait baver depuis plusieurs mois…
il ne me manquait que le prétexte……...
il était là……..
J’avais mis le réveil à sonner à 3h30…..
L’écran à quelques centimètres de mon oreiller
sur le bloc tiroirs /table de nuit en coin d’alcôve
de ma chambre de la rue Chabanais….
………………
l’allumer…
…………………
tripatouiller les antennes pour stabiliser les images…
………………..
ça y est….
je suis à Houston…fin prêt pour l’Evénement…comme des centaines de millions d’autres téléspectateurs……………
Fascination des images scintillantes crachotantes…
en direct de la lune…
bouche bée……..je suis scotché…conscient de vivre un moment exceptionnel….
se dire que si l’homme est capable de réussir un pareil exploit…
tout lui est permis…rien ne lui est impossible…
il lui sufit d’imaginer…tôt ou tard la technique suivra…..
»…un petit pas pout l’homme…un bon de géant pour l’humanité… »
selon Neil Armstrong…… »…
»…une magnifique désolation… » pour Buzz Aldrin…..
…je retiendrai l’impression du second…
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Par Bottle le 30 Mai 2011 à 16:59
« Le myosotis et puis la rose
Ce sont des fleurs qui disent que'que chose
Mais pour aimer les coquelicots
Et n'aimer qu'ça, faut être idiot….. »C’était un début de matinée…
en automne 81…J’avais pris place dans l’un des tout premiers TGV…
Je me rendais à Lyon dans le cadre de ma profession..
J’avais ces mots et leur musique qui tournaient dans ma tête
tandis que je dévisageais le plus discrètement possiblele voyageur qui venait de s’asseoir en face de moi…
Crinière poivre et sel en bataille…
un sourire d’enfant émerveillé sur les lèvres..Une veste en cuir fauve patinée….
Marcel Mouloudji….
l’idole de mon père… qui connaissait son répertoire par cœur…
qui nous en avait fait profiter tout au long de mes années d‘enfance…
C’était bien lui….à moins d’un mètre….
émotion par procuration….J’avais envie de lui raconter plein de chose…qu’il était un peu de ma famille..
pas sûr qu’il se soit senti reconnu…
Une idole du passé dont bien peu devaient se souvenir….
C’est lui qui le premier a brisé le silence….
Regardant le paysage défiler à très grande vitesse….
il a lâché laconique… sans me regarder…..
»C’est quelque chose de magique le progrès…. »
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Par Bottle le 27 Mai 2011 à 16:47
1952
Dans la cour de récré ,
on se groupe par affinités …..ceux qui jouent aux gendarmes et aux voleurs ,
à la balle aux prisonniers ,
les plus calmes aux osselets , ceux qui ne jouent pas et restent dans leur coin , d’autres en rond ,
têtes contre têtes en d’étranges conciliabules ,
au milieu de cette joyeuse pagaille ,
trois institutrices bras-dessus bras-dessous , fendent la foule des gamins, frétillantes , papotantes , souriantes , dans un incessant va et viens , prêtes à mettre fin à d’éventuelles bagarres .
Quand à moi , avec quelques autres , nous avons entamé un tournoi de billes , le long du mur ,
en un endroit où la terre a regagné un peu d’espace sur le goudron ;« A bien ou à mal ??? » ( à bien on rend les billes gagnées , à mal on les garde )
« A la ligne ou à l’œil ??? »… »billes de terres ou agathes ??? » ou le super luxe « billes de verres ?? »….
on se met d’accord , on joue , on s’engueule , le sac de billes accroché à la ceinture , jusqu’ à ce que le carillonnement de la cloche nous rappelle à la réalité….On se retrouvera à la sortie pour poursuivre à l’extérieur , sur le trottoir en terre battue le long du mur de l’école.La maîtresse nous a distribué des carnets de timbres « Anti-tuberculeux » , à charge pour nous de les vendre et de ramener les sous à l’école.
Certains de famille fortunée n’en n’ont cure , ils savent bien que leurs parents vont leur en prendre la totalité , d’autres , comme moi , n’auront pas cette chance , il va falloir les vendre dans la rue , et ça ne va pas être du gâteau , la concurrence sera sauvage.
Je sais que je pourrai me débarrasser de quelques uns auprès des voisins , deux ou trois chez moi , pour le reste….
« Monsieur ! , Voulez-vous un timbre !?? C’est pour la tuberculose !! »
« Madame !!..Voulez-vous un timbre !?? »…j’ai horreur de çà , mais je ne peux pas me permettre de remettre les pieds à l’école avec des invendus , ce serait trop humiliant….alors je prend mon air le plus minable et je continue….
2 commentaires -
Par Bottle le 7 Avril 2011 à 10:57
Les fidèles de mon blog n’auront certainement pas oublié
un certain article du 25 mars intitulé « pas cap’.. »….
il relatait mes exploit de paparazzi au détriment de mes profs
alors que j’étais jeune potache…La photo ci-jointe accompagnait mon propos….
elle représente Monsieur Hastey…
le professeur d’Anglais qui eut la rude tâche de m’initier
à la langue de Shakespeare tout au long de mes années de bahut…J'avais reçu le commentaire suivant
à la suite de la publication initiale de ce post…
une fois de plus la magie d’internet m'avait laissé baba..10. posté par petitenièce le 17 February 2007 10:28:20.
S'agirait-il de RAYMOND HASTEY???....Prof d'anglais...en normandie...C'est (ou c'était??...) mon grand-oncle...Plutôt amusant!!
Je suis parti en marche arrière dans le temps à la vitesse grand V…..qu’avait gardé ma mémoire du souvenir de ce monsieur… ??...quelles traces y avait-il laissées… ???
…....British jusqu’au bout des ongles…..jusqu’aux chevrons de sa veste en tweed…jusqu’aux fermoirs chromés de sa serviette en cuir fauve…
Pas un mot de français pendant ses cours… nous étions tous transporté l’espace d’une heure au-delà du Channel…au cœur de la perfide Albion..
Il nous avait tous abonnés à une revue…je ne sais plus si elle était hebdomadaire ou mensuelle….j’en revois le titre « Butterfly « …je me souviens que des jours durant nous en analysions chaque article dans le moindre détail…
Je me souviens des correspondants qu’il avait dégottés à ceux qui en avaient exprimé le désir….pratiquement toute la classe….j’ai oublié le nom du mien…mais je me rappelle qu’il était de Plymouth….combien de missives avons-nous écrites en tirant la langue et feuilletant fébrilement le dictionnaire pour raconter dans le détail la banalité de notre quotidien de lycéen..
Je lui doit cependant l’un des meilleurs moment de ma jeune existence…
Certains rêvent en regardant partir les trains….moi c’étaient les paquebots…l’escale bi-hebdomadaire des deux géants de la Cunard Line..le « Queen Mary »…et le « Queen Elisabeth »….identifiables par leurs énormes cheminées rouges qui coiffaient leur pont supérieur bien au-dessus de la toiture de la gare maritime (trois pour le premier , deux pour le second)…j’aimais les voir arriver et repartir à grands coups de sirènes…je les regardais se perdre au-delà de l’horizon de la plage Napoléon , des rêves d’ailleurs plein la tête….Les jours de gros temps , il ne venaient pas à quai…ils restaient ancrés au large….un bateau transbordeur amenait les passagers en partance à leur embarquement et ramenait ceux qui finissaient leur traversée à Cherbourg…
Un matin , Monsieur Hastey nous annonce qu’il a une bonne surprise pour nous…cinq places pour visiter le « Queen Elisabeth »…....cinq autorisations pour monter à bord tout le temps de l’escale…..vous n’imaginez pas ce qui peut se passer dans la tête des gamins de douze ans que nous étions à l’époque à l'énoncé d'une pareille nouvelle..…..chacun écrit fiévreusement son nom sur un morceau de papier qu’il plie en quatre et va déposer sur le bureau du professeur..
Je croise les doigts tandis qu’il déplie les petits bulletins et nomme un à un les heureux élus…..mon nom arrive en quatrième position…mon cœur bondit dans ma poitrine…c’est l’un des plus beaux jours de ma jeune vie…
Comble de bonheur il faisait très mauvais temps le jour fixé….groupés autour de monsieur Hastey sur le pont du transbordeur à fouiller la brume de tous nos yeux pour tenter d’apercevoir au loin la silhouette du mastodonte…accrochés au bastingage en prenant garde de ne pas se faire emporter par un paquet de mer…décoiffés par le vent...balancés d’avant en arrière et de droite à gauche par les flots en furie…un goût de sel dans la bouche…nous étions les veinards les plus heureux du monde….
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